"Les enfants, qui, quand ils écrivent : je vous aime, ne savent pas qu'ils disent : je me rends."
mardi 3 mai 2011
1906.
105 ans de vie, ça commençait à peser. Tu ne te souviens pas de moi, plus jamais. Tu aurais pu rencontrer Apollinaire, Eluard, Picasso, Cocteau et tous ces autres qui me font rêver à travers les (p)âges.Tu as vécu les horreurs des deux guerres mondiales, la décolonisation, l'émancipation des femmes, tout ce qu'on apprend dans nos livres d'histoire. Du haut de mes presque vingt années, je n'arrive même pas à me rendre compte de ces choses là, de la vie comme fardeau, de la lourdeur de tes épaules. Je ne sais ce que c'est que d'avoir survécu à tous, d'avoir survécu à soi même, au jambes qui ne tiennent plus, à la peau qui pèse plus que les maigres os qui restent, à la tombée des cheveux, à la perte de la vue, de l'odorat, de l'ouïe, de la faculté de parler, de manger, au déraillement du cerveau. Tu sembles avoir vu la Vie défiler devant tes yeux passifs. Qu'en retiendras-tu ? Pour ma part, mes yeux d'enfants se souviennent. Il est loin le temps où on jouait au loup, et où je ne courrai pas trop vite pour que tu puisses gagner. La mort.
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